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Chapitre 4

Grisou, le parcours combattant


Il avait été étalon jusqu’à ses huit ans, reproducteur en liberté. Jamais monté.

Un jour, un homme l’a vu, l’a trouvé beau, l’a voulu. Puis, ne parvenant à rien avec lui, il a voulu le plier, le faire taire. Il l’a castré. Tard. Trop tard.

On n’éteint pas le feu en coupant la flamme. Grisou avait gardé l’instinct du mâle, intact sous sa peau.

Quand il est arrivé chez moi, je n’ai rien compris. Il bousculait, mordillait, encensait sous la selle. Débutante en équitation, je le montais avec mes peurs, mes maladresses, mes rênes trop tendues.

J’ai essayé. Selles, ostéo, dentiste… Je me suis blessée au dos. Fatiguée, perdue, pleine de doutes. Je voulais bien faire. Mais plus je cherchais à réparer, plus il se refermait.

Ce n’était pas de l’équitation. C’était un combat.

Grisou n’était pas difficile. Il était incompris.

Et moi ?

Je n’étais pas incapable. J’étais ignorante. Nous étions tous les deux ignorants. Et c’était, finalement, un bon début que de comprendre que nous pouvions apprendre.


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