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Chapitre 16 : mon chemin mon Histoire

La découverte de la densité intérieure


« Dire non sans émotion, c’est accueillir la force tranquille qui agit. »


Pascal Gilles m’avait dit qu’il me manquait la densité intérieure pour pouvoir agir sans être envahie par l’émotion ou débordée par elle. J’avais compris intellectuellement, mais je ne le vivais pas dans mon corps. Avec Grisou, notamment, je voyais bien que je finissais par franchir mes limites : je me fâchais, puis je regrettais. Ce cheval a vraiment fait les frais de mon apprentissage, et je ne le remercierai jamais assez.

Un matin d’automne, face à un petit cheval baie brun d’environ cinq ans — que je nommerai Densi — j’ai enfin compris.

Deux jeunes chevaux avaient été sauvés de la maltraitance par une association, puis placés chez mon voisin. Leur histoire expliquait sans doute leur lien indéfectible et leur sensibilité. Avec une amie, nous avions commencé à les travailler régulièrement dans un rond de longe. Ce jour-là, mon amie était fatiguée, contrariée, fiévreuse. Malgré mes conseils d’annuler, elle a insisté pour entrer dans le rond. Aussitôt, Densi s’est mis à tourner, virer, puis l’a chargée et chassée en ruade. Choquée, elle est sortie précipitamment.

Je ne serais pas entrée dans le rond si mon amie n’avait pas retrouvé son calme, et si Densi avait montré des signes d’agressivité. Mais le voir paisible m’a donné la confiance d’y aller.

Quand je suis entrée à mon tour, Densi m’a foncé dessus. Mais je savais que ce n’était pas la même chose : il testait. Alors, sans peur, sans colère, sans tremblement, j’ai dit simplement « non ». Un non ferme, puissant, mais dénué d’émotion.

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À chaque charge, je répétais ce non, je reposais ma demande. Et soudain, il s’est arrêté net. Il m’a regardée, a expiré fort.

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Moi aussi, je me suis détendue. Il s’est approché, a senti ma main, je l’ai caressé. Puis nous avons marché ensemble, totalement reliés.



Cet épisode n’a pas duré plus d’un quart d’heure, mais il fut d’une telle intensité qu’il a marqué mon corps et mon esprit pour toujours. Ce jour-là, j’ai ressenti cette différence ténue entre deux forces — la colère destructrice et la densité intérieure constructive. Je l’ai senti profondément, au niveau du plexus, une force nouvelle qui ouvre, qui dit "je suis là". Difficile d'expliquer avec les mots....


Ce jour-là, Densi m’a offert l’expérience vivante de la densité intérieure.

Quinze minutes ont suffi à transformer ma manière d’agir. Mais le chemin continue… Le prochain chapitre ouvrira une nouvelle étape de cette découverte intérieure.

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